mardi 20 octobre 2009

La rivière cachée


Avant de partir de Montréal, j'ai emprunté chez Carla et Antoine le livre La danza de la realidad. J'avais déjà entendu parler de la Psicomagia, d'Alejandro Jodorowski, et je m'étais dit qu'un jour je la croiserais dans mon chemin. Et voilà que je l'invite à m'accompagner dans ce voyage. Je ne sais pas encore très bien de quoi ce livre me parlera, mais les premières pages me font déjà penser à la beauté de l'interprétation, à la perception de l'univers comme un tout. Point. Je dirais d'ailleurs que c'est devenu pour moi une façon de comprendre, pour interpréter cette nouvelle réalité... Bruxelles. Depuis le début Tobie et moi avons établit tacitement ce qui devint notre "méthode de recherche": Dire oui à tout, rencontrer tous nos contacts qui auraient bien le temps de recevoir notre curiosité et nous raconter leurs histoires, partir là où elles nous emmèneraient, traverser toutes les portes ouvertes. Nous sommes ainsi partis un samedi après midi, à la recherche du début du fil d'une métaphore filée: La rivière cachée.

Nous avions l'intention de découvrir Anderlecht, un quartier très populaire. Ayant choisi une station de métro au hasard, nous sommes tombés sur un zone très calme, même froide, ou le seul truc remarquable fut une espèce de cabane sans toit disposée comme toilette pour les chiens. On était perdus. Ok, on a dit qu'on chercherait le début du fil, mais pas qu'on allait le trouver tout de suite (en fait, d'après moi la Psicomagia ne prônerait pas l'existnece d'un début de fil quelconque...bref). À notre deuxième arrêt, après quelques pas de marche, le panneau Zinnema nous attire, c'est une belle salle aux portes ouvertes avec des gens souriants qui nous acceuillent. Carlos Ramirez et Julie Duquesne, un couple d'artistes qui intègrent un collecif (www.teamintime.com), y inauguraient une exposition de photos qui lient danse et nature. Inti, leur fils d'environ deux ans, court partout dans la salle pendant que nos hôtes racontent des histoires en néerlandais, espagnol et français. Chanceux. Carlos nous raconte je pense qu'en espagnol parce que Tobie le suit en souriant, la légende à l'origine du nom de son fils: Inti, la leyenda. Cela me fait penser évidemment à Inti Illimani; Cet homme est déjà dans mon coeur. Dans un parcours frénetique dans ses interêts, qui ne sont pas peux nombreux, il nous raconte aussi l'origine du nom du théâtre: Zinnema.


Plusieurs mouvements artistiques - nous dit-il, empruntent le nom de la rivière Zenne, ou son prefixe zin, pour parler de tout ce qui est "la revindication de la liberté par l'art", "l'art pour l'émancipation". Il nous refère au site www.crearvalelapena.org, pour mieux comprendre. à l'échelle mondiale. C'est à dire en espagnol. Natalia Duque, ma très bonne amie de Cali et étudiante à L'INSAS, nous avait déjà parlé du mystère qui pour elle représente las canals à Bruxelles. Un jour, (n jour au XIXè) les autorités bruxelloises ont trouvé la rivière un peu trop contaminée pour qu'on le laisse à pleine vue. Le Senne à Bruxelles est caché, couvert par la ville. Mmmh... delicious. Depuis notre première rencontre avec Benoît, prof en réalisation à l'IAD qui appuie notre projet, je m'étais déjà demandé quelles étaient les manifestations populaires artistiques: l'art actif, lié à la politique. Voici notre réponse: La salle Zinnema. La carnaval du Zinneke Parade en mai, l'exposition www.zennestraat17.be qui finira le prochain week-end, pour n'en donner que quelques exemples, tous liés à la production et diffusion d'art pour la liberté.

Depuis mon expérience à Experimenta Colombia (valgan las redundancias), j'avais eu cette espèce de révélation renouvelée, en voyant à quel point l'oeuvre de certains artistes pouvait devenir direct, catalisateur-vulgarisateur des enjeux sociaux que les sciences sociales arrivent (arrivons? Audiovisuel=science sociale +ou- art?) à peine à décoder. La Internacional Errorista ou les témoignages des Mamos dans Palabras mayores de Pablo Mora, m'ont déjà fait repenser au rôle "traducteur" de l'art, aujourd'hui comme toujours oui, mais ayant un rôle bouillonant à l'état actuel des outils et de la temperature des humains. Si nous allons bientôt exploser dans un orgasme d'humanité, pourquoi pas un bon chapuzón dans la rivière de l'art qui bouillit.

Je pense au lien avec La danza de la realidad quand le regard de Tobie se pose avec passion et patience sur nos amis danseurs. Mais bon, les liens, ainsi que les rivières et les entrées de blog, sont infinits.






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